Jeunesse.
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Pierrot disparaît.
« On avait attelé les vaches. Pas moi, bien sûr. Ginette devait avoir quatre ans et moi, j’en avais huit. On est allé chercher un tombereau de bois. Il y en avait une corde (soit deux stères). Bon, nous, on était trop petits pour aider vraiment, on regardait. On était parti à travers champs : il n’y avait pas de chemin. Il fallait se frayer un passage au milieu des taillis. Les hommes et les femmes chargeaient la voiture. Il y avait mon beau-frère, Pierre, et ma sœur, Mine, et sans doute le Tonton Labesse, Sylvain.
En allant, tout a bien été ; en revenant, la voiture étant chargée, les gamins sont montés au-dessus, sur le tas de bois. Il y avait donc moi et Ginette qui était dans les bras de ma sœur, Aline, qui avait quelque dix-neuf ans. En arrivant dans la cour, tu sais, aux Tailles, par ce petit chemin où on jouait aux boules, tu tournais en coin. En tournant, l’aiguille sur laquelle est fixé le joug, elle casse au raz de la voiture ! Le tombereau part à cul et les rondins dévalent. Aline, très agile, saute à terre avec la gamine. Moi, je me suis laissé entraîner par les rondins jusque par terre et ils ont continué à dévaler par-dessus moi.
Puis, au bout d’un moment, ma mère dit : « Mais, il était bien là, le Pierrot ! » Mon beau-frère, mon oncle disent que oui, mais ils ne me voyaient pas. J’étais sous le tas de bois. Ça m’avait plié les jambes par-dessus la tête, ce qui fait que je n’ai pas été assommé, mais j’étouffais.
On m'a tiré de là-dessous à moitié dans les pommes. Et je me souviens que je recevais des claques. Alors, reprenant à peine conscience, j’ai pensé : « En plus, ils me battent ! » |
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