Hélas, les vacanciers du week-end pascal n'ont pas fait preuve de beaucoup de civisme. Ici, une briquette de jus de fruits, là, boulettes de papier d'aluminium, plus loin encore, un morceau de polystyrène. Chacun leur tour, ils se baissent, ramassent, enfournent dans le sac blanc. Rapidement, le sac est plein, leurs mains aussi. Ils n'iront pas jusqu'au terme de leur balade. Ils obliquent en direction des containers qu'ils rejoignent à grands pas un tantinet rageurs. Par chance, il suffit d'appuyer du pied sur une pédale pour soulever le grand couvercle.
Alors qu'ils soulagent leurs mains dans la benne, une voiture s'arrête à leur hauteur. Un garde civile en descend qui entame un discours incendiaire sur l'innocuité de jeter quoi que ce soit dans les containers avant huit heures du soir à cause des odeurs qui se dégagent du fait de la chaleur. Une pancarte collée sur la benne l'atteste : c'est interdit sous peine d'amende ! Belle ironie du sort ! Pour avoir en partie gâché leur promenade, pour avoir tenté de préserver un bien commun, on les menace, on leur reproche une incivilité.
Une discussion s'engage à laquelle le français se garde bien de participer. Finalement, la jeune femme ayant certifié qu'il n'y avait rien d'organique dans ce qu'ils ont jeté, le garde civile les laissera partir sans leur infliger l'amende prévue par la loi.
A propos des tortues bobas, il me revient une anecdote. Alors qu'il se promenait sur la plage de Genoveses, un ami, Javier(2), m'a raconté en avoir trouvé une dans un piteux état. Elle ne devait pas avoir plus de trois ou quatre ans mais pesait déjà un bon poids. Elle était sur le sable, les yeux clos, et respirait à peine. Dans un premier temps, il tenta de la remettre à l'eau, d'humidifier sa carapace, mais rien n'y fit. Il prit une vidéo avec son téléphone portable qu'il envoya sur-le-champ aux autorités compétentes en incluant sa localisation.
(2) Celui-là même qui m'a vendu l'appartement. |
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Quelques minutes plus tard, une camionnette d'une association de préservation de la faune locale se présenta sur la plage pour prendre en charge l'animal. Moins d'une semaine après, cet ami reçut un appel d'un responsable de l'association qui lui expliqua que, d'une part, la tortue était sauvée, que, d'autre part, en tant qu'initiateur de ce sauvetage, il pouvait devenir le parrain de l'animal. Ce qu'il accepta. On lui dit alors qu'il avait la possibilité de donner à la bête le nom de son choix. Pris de court, un seul prénom lui vint à l'esprit, celui de son épouse Carmen. Pour ce que j'en sais, cette dernière n'a guère apprécié l'association d'idées…
San José, avril 2013. |