Les feuilles des arbres ne sont pas mal non plus dans leur genre. Et il n’est pas rare de voir un bout de ligne pendouiller, hors de portée, plombs et flotteur compris.
San José, 23 avril 2021.
Je reparlerai ailleurs de la fameuse "pâte à l'œuf" (on disait "pâte à l'eu").
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La Maria.
J’ai connu cette femme que les mauvaises langues disaient avoir été la maîtresse de Félix (1). Plus que voisines (leurs maison n’étant distantes que de quelques dizaines de mètres), Philomène et elle devaient être assez copines pour se brouiller et se "rabibocher" à longueur d'années.
D'aussi loin que remontent mes souvenirs, c'est à dire au début des années 50, c'était déjà, à mes yeux, une très vieille femme : le visage finement ridé comme une pomme fanée, mais très mince (maigre ?), et droite comme un “i” (2). Pourtant, elle ne devait pas avoir plus d'une soixantaine d'années. Aujourd’hui, l’image que j’en garde me laisse à penser qu’elle avait dû être très jolie.
Ne la fréquentant qu'en été, je ne lui vis jamais porter la plus petite veste ni le moindre manteau. Peut-être un gilet gris en fin d'après-midi, et encore …
Son ordinaire, une blouse grise parsemée de fleurettes d'un jaune pisseux, d'épaisses chaussettes de laine dans des sabots tout bois et, sur son chignon gris, le traditionnel chapeau de paille en coque (voir photo page suivante), retenu par un large ruban noir noué sous le menton. Portait-elle sous le chapeau une coiffe comme l'Élisabeth (3) ? C’eût été logique, mais je ne m’en souviens pas.
On la disait sale. Il est vrai que, dans sa maison, où je ne suis que rarement entré, les poules picoraient sur la table, ce qu’on n’eût pas toléré chez nous ; tout y semblait en désordre et couvert de suie. Pourtant, je n’ai pas souvenir qu’elle sentît mauvais.
En revanche, quoi que n’ayant en mémoire aucune trace véritable de conversation, il m’en reste l’image d’une femme gaie, souriante et pleine d’humour.
Saint Germain, 29 mai 2005.
(1) Pardon pour les "mauvaises langues" : j'ai eu confirmation par la suite. Lire à ce propos "L'héritage de Félix". (2) Contrairement à ma pauvre grand-mère, pliée en “z” à la suite d’une décalcification qui, non contente de lui avoir fait perdre toutes ses dents, avait affreusement tordu sa colonne vertébrale. (3) Cf.Remembrance "Le dernier fils de Félix". |