de Paris.
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Ma première H.D.
Elle était renfrognée dans le coin le plus sombre de l'atelier. Franchement pas belle ; sale, même. Pourtant, dès le premier coup d'œil, je lui trouvai un charme fou.
Son principal atout de séduction (le seul ?) résidait dans le logo mythique qu'elle arborait sur chaque flanc de son réservoir en goutte d'eau allongée, barré des noms des fondateurs de la marque Harley & Davidson.
Une petite firme italienne (1) fabriquait alors sous licence, des motocyclettes de faible cylindrée, qui deviendraient, après 78, plus connues sous le nom de "Cagiva".
Celle-ci était un mono-cylindre, modèle "Z", de 90 cm3, à l'allure un peu rétro avec sa double selle horizontale et son guidon façon "chopper". Quasiment jetée là plus que posée, parmi des pièces mécaniques hors d'usage (que l'un de nos copains transformait en sculptures (2) à grand renfort de soudures), elle semblait vouée à la casse. Chromes ternes, peinture écaillée, moteur huileux et selle au skaï déchiré, elle présentait cependant deux pneus pratiquement neufs. Cela semblait encourageant : l'ancien propriétaire avait donc eu, en renouvelant sa monte, l'intention de la faire rouler encore. Autre aspect positif, la chaîne tendue seulement au premier cran et les dents à peine creusées du pignon arrière.
Ce que nous appelions "l'atelier" était un ancien garage situé dans un bloc d'immeubles voué à la démolition, entre la rue Nationale et le quai de la Gare. En attendant ce moment fatal, le "Collectif d'Apprentissage Mécanique" (ou quelque chose du genre), association Loi 1901, en louait les locaux pour une somme modique. Le but du C.A.M. étant d'apprendre à ses adhérents comment réparer leur voiture par eux-mêmes au lieu d'aller se faire escroquer par des garagistes patentés et sans scrupules. Moyennant quelques dizaines de francs par jour,
(1) Aermacchi, puis AMF (American Machine & Foundry) Harley-Davidson. (2) Lui, il disait "artefact". |
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