Le livre ouvert : Petits moments ACCUEIL


Christian Talbot Publications
Aucun but ne sera plus marqué au cours de la deuxième mi-temps. Autant dire que l'intérêt du match est retombé. On prierait presque pour que les bavarois marquent à leur tour et relancent ainsi le suspense. En revanche, la conversation de nos deux voisines est passé de "animée" à "passionnée", particulièrement en ce qui concerne la plus jeune. Ses yeux brillent, son rire se fait plus sonore, découvrant deux rangées de dents carnassières. L'autre, qui a trouvé à se jucher sur un tabouret, semble plus réservée et même un peu raide. La jeune femme lui parle les yeux rivés aux siens, la bouche rieuse et gourmande. Par moments, elle pose la main sur la cuisse de sa compagne qui, de la sienne, l'en écarte gentiment. Tout en parlant, la plus jeune approche son visage de celui de son amie comme pour dire : « Embrasse-moi si tu l'oses ! » Le dos se raidit un peu plus, la tête se recule, se tourne vers la serveuse et commande une autre tournée.
Leur jeu se poursuivra jusqu'à la fin du match. Elles commanderont une assiette de charcuteries que l'une dévorera tandis que l'autre ne fera que picorer. Amantes, très probablement. Si ce n'est déjà fait ce sera pour ce soir. À San José, les tabous sont un peu moins virulents qu'ailleurs. Cependant, et c'est peut-être une question de génération, la plus âgée n'a cessé de dire avec son corps : « Ne nous donnons pas en spectacle » tandis que l'autre clamait de tout son être : « J'ai envie de toi, là, maintenant ! »

San José le 8 avril 2009.
  Bikini.

Ma voisine est généreuse. De formes et de comportement. Plantureuse serait exagéré. Trop de femmes le sont sur cette plage : même jeunes, certaines débordent de partout. Alors, passé trente-cinq ans… Espagnoles, Françaises, Allemandes ou autres, rares sont celles qui n'affichent pas moult bourrelets et “culottes de cheval”.
Celle-ci n'a certainement pas trente ans et s'accompagne d'une maigrichonne – pâlichonne qui lui servirait de faire valoir s'il en était besoin. Mais il n'en est pas. Le genre de beauté ravageuse qui vous incite à demeurer sur la plage malgré le vent qui vous envoie du sable dans les yeux – le nez – les oreilles par rafales cinglantes. Mon voisin Paul l'a bien compris, qui, depuis que sa copine est remontée vers treize heures, disait toutes les trois minutes qu'il était l'heure pour lui d'aller faire la sieste. L'urgence se fait moindre.
Grande (1) et fuselée, cascade de boucles brunes à “effet mouillé” qu'elle remonte d'une torsion du poignet droit suivi d'un vigoureux accrochage à la pince – peigne, elle arbore avec arrogance une paire d'obus (à faire pâlir de jalousie toutes les Pamela Anderson d'Andalousie), remplissant le haut d'un bikini noir(2). Je me targue de reconnaître au premier coup d'œil les poitrines “siliconées” : celle-ci est 100% naturelle, j'en jurerais.
En deux mots, elle est “tétonnante” sans être “fessoyeuse”. Générosité des formes.
Bon, elles étalent leurs serviettes à trois mètres de nous (qui sommes là depuis plus d'une heure), alors que la plage, compte tenu du violent vent “de levante”, est assez sous-peuplée. Générosité du comportement. Tout en papotant, elles s'allongent pour la “bronzette” dans l'axe des rayons bienfaiteurs.
Saisissant à deux mains les fines lanières nouées derrière son cou, courbant prestement la nuque, elle fait passer le lien par dessus sa tête et l'enfouit dans le bonnet droit avant de s'allonger sur le dos.

(1) Mais pour moi, 50 % des femmes le sont.
(2) Il y a trois sortes de soutien-gorge : ceux qui cachent, ceux qui soutiennent et ceux qui enjolivent. Celui-ci semble purement décoratif.
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