Le livre ouvert : Mauthausen ACCUEIL


Christian Talbot Publications
Dédicace, préambule et prologue


DÉDICACE DES AUTEURS
À toutes les victimes du nazisme. À ceux qui sont morts dans les camps d’extermination et à ceux qui ont réussi à survivre pour raconter. Aux hommes et aux femmes qui se sont engagés en leur temps, qui ont lutté pour la paix, sans jamais abandonner l’idéal d’un monde plus juste.
Aux plus de 7000 Espagnols morts au camp d’extermination de Mauthausen, pour avoir défendu la démocratie et la liberté.
À Simone qui a toujours fait preuve de courage et d’humilité. Enfin et surtout, à Antonio Muñoz Zamora, matricule 90.009 à Mauthausen. Il est un exemple de bravoure et de cohérence. Il ne s’est jamais tu, lui qui, pourtant, faisait partie de ces condamnés au silence et à l’oubli.
Il a fait preuve de courage, de droiture, n’a jamais manifesté de rancœur ; il s’est toujours beaucoup préoccupé des générations à venir. Il a existé. Il nous a offert sa vie.



PRÉAMBULE
Ce livre raconte la vie d'Antonio Muñoz Zamora, un homme juste et honnête. Un homme dont l’histoire est si vraie qu’elle fait mal. Au fil de toutes ces pages, c’est la voix d’Antonio que l’on entend, cette voix qu’il n’a jamais voulu faire taire. C’était sa force, sa raison de vivre, la meilleure façon pour lui de continuer la lutte. Aussi, c’est Antonio lui-même qui écrit ce livre. Nous, nous nous sommes contentés d’essayer de transmettre par des mots la force irrésistible d’un homme qui n’a jamais capitulé devant l’injustice, la barbarie et l’aberration.

(1) Parfois orthographié Mathausen en Français, Mauthausen (ou Maathausen) en Autrichien et en Allemand. Ce camp de concentration, instauré par le régime nazi du IIIe Reich, est aussi connu après l'été 1940 sous le nom Mauthausen-Gusen. Il se développa pour devenir l'un des plus grands complexes concentrationnaires nazis, avec plusieurs camps construits autour des villages de Mauthausen et Gusen et de nombreux camps annexes. (Wikipedia)
  On ne peut réaliser la douleur intense, la profonde humiliation qu’Antonio Muñoz Zamora a dû supporter dans les camps nazis. Chaque épisode de sa vie, comme exilé en France d’abord puis comme prisonnier des sbires d’Hitler ensuite, a été d’une impitoyable dureté. Mais lui, fort de son insolite absence de rancœur, si personnelle, réussissait à rejeter la dramatisation au profit du message qu’il voulait délivrer : Jamais Plus. Son obsession était de raconter ce qui s’était passé pour que plus personne n’ait à endurer rien de semblable. L’un de ces après-midi d’hiver où nous étions venus bavarder avec lui, dans sa cuisine, en présence de Simone, sa formidable épouse et compagne, Antonio nous raconta que, quelques jours auparavant, il se promenait du côté du monument dressé à Almeria à la mémoire des 142 almérians assassinés au camp d’extermination de Mauthausen. (Seule l’obstination d’Antonio a permis la réalisation de ce monument.) Alors qu’il regardait la sculpture qui représente un homme portant une lourde pierre devant les escaliers de la carrière de Mauthausen, un couple d’une trentaine d’années s’approcha de lui. Il ne connaissait pas Antonio et ignorait l’objet du monument. Ils lui demandèrent si c’était à la mémoire des morts de la División Azul. La tristesse d’Antonio, lorsqu’il nous raconta cette histoire est indescriptible. Même lors-qu’il nous racontait les atrocités quotidiennes de Mauthausen, il n’était pas aussi triste. L’oubli lui faisait très mal et c’était son adversaire. Il savait que seules la connaissance de l’histoire, la sauvegarde du souvenir peuvent éviter que ne se répètent les horreurs du passé.
Nous avons la chance d’être les enfants de cette démocratie que nous ont offerte Antonio Muñoz Zamora et tous ceux qui, comme lui, ont laissé leur vie pour nous.
Par ce livre nous essayons modestement de payer notre dette envers des hommes et des femmes qui ont tout donné sans rien demander. Voilà notre engagement envers Antonio Muñoz Zamora, sa vie, sa lutte, sa personnalité. Nous avons voulu le remercier en lui disant notre ferme volonté de lutter contre l’injustice.

Ana Torregrosa et Enmanuel Camacho.
1 2